Fêtes galantes (1891)/Les ingénus

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Fêtes galantesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 17-18).



LES INGÉNUS



Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambe, trop souvent
Interceptés ! — et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches
Et c’étaient des éclairs soudains de nuques blanches
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.


Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.